Skip to main content

Théorie contre pratique : le rôle de l’école en question !

Théorie contre pratique :
le rôle de l’école en question

ecole en question

Extrait d’un article des Cahiers de l’Institut biblique de Nogent (juin 1995, n° 89) qui n’a rien perdu de sa pertinence.

On reproche aux instituts bibliques et aux facultés de théologie de ne dispenser qu’une formation théorique au détriment de la pratique… On fait là un faux procès aux écoles de type traditionnel, parce que l’on n’a pas bien saisi quel est le but, ou le rôle, de ces écoles.

Dans l’un de ses “entretiens”, l’Express (28 janvier 1993) posait à Antoine Prost[1] la question suivante :

On dit habituellement que le système scolaire est mal adapté à la réalité moderne et au monde du travail. Vous, vous semblez suggérer au contraire un retour à un enseignement traditionnel.

Et Antoine Prost répondait :

Oui. Les entreprises, elles, doivent coller à la modernité et s’adapter aux nouvelles techniques. Mais pas l’école. Son rôle est plutôt de donner les “bases”. C’est ce que disent souvent les professeurs : “Untel manque de bases”… En sixième, en première, ou à l’université, on parle toujours de ces fameuses bases. Personne ne les définit, mais cela signale que l’enseignement a bien pour objectif premier de mettre en place les fondements de tout le reste, sans lesquels rien ne pourra se construire.

On pourrait transposer cela pour l’appliquer à notre propos :

On dit souvent que l’enseignement des instituts bibliques et des facultés de théologie est mal adapté à la réalité du terrain, et que les étudiants qui en sortent ne sont pas préparés au ministère… Mais ce sont les Églises et les œuvres qui doivent coller à la réalité du terrain. Le rôle des écoles est plutôt de donner les connaissances bibliques et théologiques de base, et d’apprendre aux étudiants à réfléchir et à travailler avec leur Bible pout construire leur pensée, laquelle orientera leur pratique. Les écoles ont pour objectif premier de mettre en place les fondements de tout le reste, sans lesquels rien ne pourra se construire.

Axer l’enseignement sur un travail pratique est bien, mais insuffisant. Car on ne peut jamais prévoir toutes les situations auxquelles les serviteurs de Dieu auront à faire face. En outre, la réalité du terrain change sans cesse. La connaissance pratique reçue risque donc de devenir rapidement inadaptée. Seule une formation biblique et théologique approfondie permet aux ouvriers sur le terrain de s’adapter aux situations nouvelles, tout en demeurant fidèles aux principes fondamentaux.

L’équipe pédagogique de 1995

___________________________________

[1] Antoine Prost (né en 1933) est un historien, universitaire, ancien homme politique et ex-syndicaliste français. Il chargé de mission auprès du Premier ministre Michel Rocard pour les questions d’éducation.

Lire la suite

À leur clavier !

À LEUR CLAVIER !

magazine evangelique

Le magazine ‘Christianity Today’ en français, vous connaissez ?

Outre-Atlantique, le magazine Christianity Today est une institution. Lancé par Billy Graham en 1956, ce mensuel évangélique « cherche à offrir un point de repère mettant en lumière comment les chrétiens peuvent vivre l’Évangile d’une manière bénéfique pour l’Église et la société ».[1] Il touche chaque mois 4,5 millions de chrétiens engagés.

J’y suis moi-même abonné depuis plus de vingt ans et j’y ai trouvé de nombreuses informations intéressantes et autant de réflexions édifiantes. C’est ainsi que j’ai repéré Tish Harrison Warren et suggéré à Excelsis de traduire son livre Liturgy of the Ordinary (Liturgie de la vie ordinaire, 2018).

Depuis quelques années, le magazine américain développe une vision globale (CT Global) pour raconter ce que Dieu fait par l’intermédiaire de son Église partout dans le monde. Il a donc développé des versions digitales en dix-neuf langues dont une en français.

Le pasteur Léo Lehmann, ancien étudiant de la FLTE, est le directeur éditorial de cette version francophone. Secondé par deux ou trois bénévoles, il assure la traduction, et parfois l’adaptation, d’une sélection d’articles en lien avec la direction du magazine. Il rédige les lettres de nouvelles et fait remonter des informations sur la francophonie à ses collègues américains.

Christianity Today en français totalise 6 500 vus par mois. Plus d’un quart des lecteurs sont situés en France et le reste se répartit dans 74 pays : Etats-Unis, Canada, Belgique, Suisse, Côte d’Ivoire, Royaume-Uni, Haïti, Congo, Cameroun…

Christianity Today est un bon moyen d’avoir une vision bien informée de l’évangélisme américain et international. Il faut par exemple lire le papier de Daniel G. Hummel, « L’histoire méconnue de l’évolution des évangéliques à propos d’Israël » en ces temps de guerre entre Israël et le Hamas.

Si vous voulez recevoir la lettre de nouvelles en français, abonnez-vous ici[2].

Si vous avez repéré un article intéressant en anglais de Christianity Today, vous pouvez suggérer sa traduction en écrivant à christianitytodayfr@christianitytoday.com.

Si vous souhaitez aider au développement de cette version francophone, rendez-vous ici.

Etienne Lhermenault

[1] https://www.christianitytoday.com/ct/2022/may-web-only/qui-sommes-nous-ct-francais.html, consulté le 17 novembre 2023

[2] CT en français est aussi présent sur Facebook (https://www.facebook.com/ChristianityTodayFR)  et sur X (https://twitter.com/CT_enfrancais)

Lire la suite

Nécrologie 🕊️

André pasteur

Nécrologie du pasteur André Grandjean 🕊️

André Grandjean (02/11/1928 – 04/07/2023)

Le Seigneur a repris le pasteur André Grandjean, ancien étudiant de l’IBN, le 4 juillet 2023. Venu à Nogent un peu par défaut —la faculté d’Aix en Provence passant par une grave crise interne et celle de Vaux-sur-Seine n’existant pas encore— il n’a néanmoins jamais regretté d’avoir suivi le conseil du pasteur Jacques Dubois, fraîchement diplômé (1952). Et il est toujours resté attaché à l’Institut.

Instituteur de formation, ce jeune membre de l’Église Libre de la Chaux-de-Fonds se destinait à travailler parmi les non-chrétiens selon son dossier d’inscription. Camarade d’Henri Blocher dans la classe de grec de J.-M. Nicole, André a validé le programme de trois ans en deux, de 1954 à 1956. Bon musicien (trompette et violon), il a été chef de chœur à l’Institut durant ses études. Fraîchement diplômé, il a épousé à Nogent Marguerite Waltispurger (27/07/1930- ), elle aussi diplômée de l’Institut cette année-là. 1972, André a encore parfait sa formation théologique à la FLTE.

Le couple est parti la même année avec la Mission Biblique en Côte d’Ivoire où sont nés Sylvain et Joël, leurs deux fils. De septembre 1956 à juin 1962, André a dirigé le Cours Normal Protestant de Daloa, puis de septembre 1965 à juin 1971, l’Institut biblique de Yamoussoukro. La santé de Marguerite exigeant leur retour en France, d’août 1972 à juillet 1974, André a d’abord enseigné le français langue étrangère au Centre Chrétien d’Enseignement du Français à Albertville, avant de devenir le premier pasteur de l’Église Libre de Valence (intitulée aujourd’hui Église M) en septembre 1974 puis celle du Riou, (Mazet-Saint-Voy en Haute-Loire) jusqu’en décembre 1993, tout en étant un membre actif et attentif du comité français de la Mission biblique.

En ce mois de juillet, l’Institut a donc perdu un ami cher dont nous avons publié un vivant témoignage dans le livret de l’expo des 100 ans, mais nous savons qu’il nous précède dans la joie de notre Maître, où il est entré et où nous le retrouverons.
À Marguerite, ses enfants et leur famille, ainsi que ses petits-enfants et amis, nous adressons nos condoléances et toute notre sympathie.

Fête famille
andré Grandjean

Lire la suite

Silence…ça tourne à l’Institut !

Silence…ça tourne à l’IBN !

Du 24 avril au 3 mai 2022, l’Institut Biblique de Nogent a servi de décor pour la future mini-série « Identité en Question » coproduite avec Grain de Blé France et INSPIRTV.

Pour les besoins des épisodes, ce lieu est devenu un lycée. Durant les jours suivants, un appartement à Joinville-le-Pont (94) et des maisons à Champigny s/Marne (94), Suresnes (92) et Houilles (78) se sont également transformés en plateau de tournage.Ce projet a mobilisé plus de 65 personnes.

En tout, ce tournage a mobilisé 21 comédiens, 25 figurants, et toute une équipe de techniciens : ingénieur son, chef opérateur, scripte, perchiste, maquilleuses, coiffeuses, décorateurs, assistants techniques, photographes de plateau…

La Compagnie des Actes a assuré la partie artistique (écriture, casting et mise en scène), INSPIRTV, la réalisation technique et Grain de Blé France, la logistique.

Chaque journée commençait avec un temps spirituel à 8h00. Ensuite, nous repèrerions les lieux avant de répéter avec les comédiens. Puis, vient l’installation de la lumière, le coiffage, l’habillage, la vérification des plans.

Les journées furent longues et intenses en particulier pour les responsables et les techniciens qui ont terminé chaque journée vers 22h30. 

Identité en question, plus qu’un tournage

C’est une formidable aventure humaine, spirituelle et artistique.

Avec pour objectif de dénoncer les ravages que causent le rejet, le harcèlement et l’addiction à la pornographie. Mais aussi et surtout : apporter des solutions au travers du message de la Bible, la bonne nouvelle de l’Évangile, toujours aussi pertinent pour nous aujourd’hui et en particulier pour la jeune génération. 

Il faudra attendre 2023 pour visionner cette nouvelle série, alors… encore un peu de patience !

Dan HOANG, directeur de la Compagnie des Actes

Lire la suite

D comme Discours…

D comme Discours…

C’est par ce verset, se trouvant sur notre carte de voeux 2022, qu’Etienne Lhermenault, a entamé son discours. Et de poursuivre ainsi : « Et pour cause, puisque nous savions que le 5e bâtiment de notre campus ouvrirait ses portes au ” printemps “. Au moment où nous inaugurons ce bel outil, je vous invite à mesurer la pertinence de cette affirmation biblique ».

« préciser ma conviction : si le Seigneur n’était pas intervenu de multiples manières, avec sa bienveillante et généreuse providence, les plans seraient restés dans les cartons et rien n’aurait été possible »

(extrait du discours inaugural d’E. Lhermenault)

Sous un soleil inattendu, nous avons eu la joie d’accueillir un peu plus de 170 personnes composées d’anciens enseignants ou membres du personnel, d’amis et de donateurs, de membres du CA et de l’AG de l’IBN, de nos partenaires dans divers services, et bien sûr des enseignants et membres du personnel actuels auxquels s’ajoutaient des représentants des autorités religieuses ou civiles, des représentants d’unions, etc. Tous venus pour l’inauguration officielle de notre nouveau bâtiment. Nous étions honorés par la présence de M. Jacques JP Martin, Maire de la ville, qui a accepté de dire quelques mots à cette occasion.

Après le discours inaugural de notre Directeur, la rétrospective sur les bâtiments et l’intervention de M. le Maire, chacun était curieux et heureux de découvrir enfin le nouveau bâtiment. Lors de la visite, il a fallu faire preuve d’un peu d’imagination pour l’agencement intérieur, qui sera bientôt installé, mais des panneaux d’infos, plans et autres documents permettaient tout de même de se projeter. Petits fours et bulles étaient ensuite à l’ordre du jour lors du cocktail qui s’est prolongé tant la joie des retrouvailles ou des échanges était grande.

« les constructions à l’Institut sont des marqueurs de développement, signes de la vitalité de pierres vivantes appelées à édifier beaucoup d’autres personnes à Nogent et au delà »

(extrait de la rétrospective d’A. Ruolt)

Quel encouragement pour l’équipe de l’IBN de pouvoir inaugurer ce bâtiment, investissement important pour le ministère de l’Institut, au cours de cette année du centenaire. C’était aussi l’occasion d’adresser nos remerciements, à tous ceux qui ont soutenu ce projet, par la prière, les dons, ou leur expertise dans divers domaines.

Nous rendons grâce au Seigneur pour son oeuvre et nous confions entre ses mains notre ministère pour les décennies, voire les 100 ans… à venir.

Et avec cette inauguration, nous terminons ici Définitivement, propos de la construction du bâtiment, la série des . D comme . mais vous continuerez à recevoir des nouvelles du bat D ainsi que des autres….

Rachel VAUGHAN et Marie-José MARÉ

(IBphile n°194 – avril 2022)


Lire la suite

Retour sur les festivités du centenaire à Montpellier samedi 15 janvier

Retour sur les festivités du centenaire à Montpellier samedi 15 janvier !

4 représentants de l’IBN (2 professeurs et 2 étudiants) sont allés à la rencontre des pasteurs évangéliques, anciens étudiants et amis de l’Institut de Montpellier et sa région le samedi !
Le cours du matin sur le livre d’Esther a réuni une bonne trentaine de personnes représentant une petite dizaine d’Églises. Ce cours marquait le lancement de l’École biblique de Montpellier par Olivier Rcz, ancien étudiant de l’Institut et implanteur d’une Église CAEF à Jacou. Cette école, partenaire de l’IBN, a pour objectif d’aider les croyants à “mieux connaître la Bible, appliquer ses enseignements dans leur vie et dans l’église, développer des éléments de réponse aux thématiques actuelles et sociétales”. Pour plus d’informations : www.ecolebibliquemontpellier.fr/
L’après-midi a permis de rassembler quelques anciens étudiants autour de l’exposition “À l’ombre du grand cèdre” (tiré du livre du même nom écrit par Anne Ruolt) et d’évoquer quelques souvenirs de leur séjour à Nogent. Une conférence par Anne Ruolt et Etienne Lhermenault a retracé l’histoire de l’Institut sous l’intitulé “Huit visages pour dire toute une histoire”. Un verre de l’amitié a conclu cette journée bien remplie.
Prochaine étape : Nantes, le samedi 23 avril dans les locaux de l’Église protestante évangélique Nantes-Boissière 22 rue des Renards.

Lire la suite

Lancement de l’EBM soutenu par l’IBN

Lancement de l’EBM soutenu par l’IBN

En partenariat avec l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne, l’École Biblique de Montpellier propose d’approfondir ses connaissances bibliques avec des cours proposés en présentiel à Montpellier. L’IBN met à disposition plusieurs de ses professeurs dont Étienne Lhermenault et Anne Ruolt dès 2022 !

L’EBM s’adresse à tous les chrétiens qui vivent près de Montpellier et qui désirent mieux connaître la Bible, appliquer les enseignements bibliques dans sa vie et dans l’Église, développer des éléments de réponse aux thématiques actuelles et sociétales.

Je me renseigne sur l’EBM

Lire la suite

D comme Dernières étapes

D comme Dernières étapes …

Comment mieux marquer le centenaire de l’IBN que par l’inauguration du bâtiment D ? Cette année, grâce à la fidélité de notre Seigneur, nous célébrons cent ans de formation des serviteurs pour le royaume, et nous ne voulons pas ralentir dans ce ministère. Le bâtiment D a pour but de pérenniser ce travail, en augmentant notre capacité d’accueil, afin de former d’avantage de serviteurs pour l’Église en France, pour, Dieu voulant, les cent prochaines années, et au-delà !

La construction avance très bien : le ravalement est en cours ainsi que toutes les finitions intérieures (enduit, carrelage, peinture…). La fin des travaux est prévue pour début janvier et l’inauguration aura lieu le samedi 2 avril 2022.

Nous louons le Seigneur qui a pourvu à la construction de ce bâtiment. Malgré une promotion plus modeste cette année, toutes les chambres de notre internat sont occupées, et certains étudiants attendent l’ouverture du bâtiment pour commencer leurs études. Nous sommes tellement reconnaissants pour vos dons et vos prières qui nous ont permis de réaliser ce projet ambitieux. Merci de prier avec nous que Dieu pourvoie les derniers fonds nécessaires : il nous manque encore 180 000 € pour couvrir le coût total (construction + mobilier).

Découvrir les modalités pour faire un don pour le bâtiment

Lire la suite

Découvrez le campus de l’Institut

Découvrez le campus de l’Institut biblique de Nogent !

Notre secrétaire pédagogique, Marie-José, vous propose  une visite de nos locaux de l’Institut grâce à cette vidéo de présentation.
Salles de cours, salon des étudiants, salle à manger, bibliothèque, chambre d’étudiants, bureaux de l’administration et jardin, suivez le guide… 

Lire la suite

En souvenir de Jeanne dite Yannik Blocher

En souvenir de Jeanne dite Yannik Blocher

Extraits de l’évocation du parcours de Yannik Blocher

par Jacques Blocher

Le désarroi devant la mort nous conduit souvent à appeler à la rescousse des images spectaculaires. Avec la mort de Yannik, c’est d’abord un chant qui s’évanouit. C’est une voix qui nous accompagnait depuis toujours qu’engloutit le silence de la mort.

 

Le chant fut en effet le grand plaisir de sa vie et son domaine d’excellence incontesté, l’objet de grandes espérances, car elle avait vraiment de très grands dons… C’est sa professeur de piano établie au Perreux, elle-même cantatrice, qui lui donna ses premières leçons de chant et de diction. Après quelques années il lui fallut des professeurs plus experts encore. Au début des années 1960, Yannik étudie désormais avec John Riley, un baryton noir américain dont la critique musicale fit l’éloge, établi à Paris à la fin des années 1940.

 

C’est par le travail vocal que Yannik acquit la maîtrise de disciplines exotiques qui constituèrent le socle de sa future vocation d’enseignante : la pose de la voix (« dans le masque ! ») et la diction. La phonétique et le français furent pour elles des spécialités plus tardives… C’est grâce au chant, par l’enseignement de la diction, que Yannik fit ses premières armes d’enseignante vacataire à l’Institut, dès les années 1960.

 

Face à l’adversité, Yannik tenait ferme, l’obstination étant chez elle cousine de l’entêtement… À sa façon, « rock of ages » – roc séculaire – plutôt que « rock’n roll », elle fut un roc. Un rocher de tradition d’abord, faisant une règle de vie de l’aphorisme prêté à Ruben Saillens, selon lequel « les choses bonnes sont rarement nouvelles et les choses nouvelles rarement bonnes ».

 

Roc de tradition, roc de convictions aussi. Souriante toujours, tous l’ont connue intraitable sur la bonne doctrine comme sur le témoignage à rendre envers ceux qu’elle considérait comme non-croyants. Et pourtant Yannik n’eut jamais la foi « facile »… Elle ne fut jamais débarrassée du doute intellectuel, ni de l’anxiété qui constituait le fond de son tempérament et qui se concentra tour à tour, au fil des décennies, sur le niveau de ses ressources, sur la solitude qui lui pesait, ou sur son état de santé. Mais contre ses peurs et ses doutes, elle avait choisi d’affirmer sa foi, à temps et à contretemps, forçant sa timidité et parfois les usages, se reposant sur les théologiens présents et passés de la famille pour régler les détails…

 

À la plupart de ceux qu’elle croisait elle promettait sa prière, ce qui était pour elle une forme de don de soi. Car Yannik, qui avait elle-même bel et bien donné son cœur au Seigneur Jésus, aimait donner. Elle était un roc, certes, mais non pas de béton. Un rocher au cœur tendre comme ceux qu’on fait en chocolat, si j’ose dire… Elle fut aussi – pour beaucoup elle fut surtout – un cœur. Un cœur ardent et généreux qui clamait tout haut des sentiments que la pudeur ordinaire commande plutôt de taire. Et jamais une médisance. Elle était un cœur qui avait besoin de donner.

 

Ce samedi 6 mars, voulant sans doute se lever au petit matin selon son habitude, elle s’est effondrée à côté de son lit. Sans un cri. Tout porte à croire que son décès a été instantané… Elle était enfin délivrée de toute peur, et des amoindrissements cruels que la vieillesse lui avait infligés. Nous voulons croire qu’elle a retrouvé à présent la pleine possession d’elle-même, là où elle est, et toute sa joie de vivre. Et que résonnent à présent, sous les voûtes célestes, le rire sonore et les exclamations théâtrales que depuis longtemps on ne lui a plus entendus. C’est ce qui nous console de la demi-mort qu’elle a longtemps endurée, et maintenant du vide, de l’absence, et du silence…

Yannik aux multiples facettes

par Marie-José Maré

C’est avec des yeux d’enfants que j’ai vu Yannik pour la première fois. Nous arrivions alors, en famille, à l’Église du Tabernacle qui allait devenir notre Église. Mes souvenirs d’enfants à propos de Yannik sont d’abord musicaux : solos dans la chorale, accompagnement des cantiques au piano et surtout sa prestation artistique lors des fêtes de Noël de l’Église, le dimanche après-midi. La lumière de la salle baissait tandis que sa voix lyrique, elle, s’élevait… presque jusqu’au ciel. Je me croyais à un grand concert… et trouvais à Yannik un petit air de la célèbre soprano Mady Mesplé.Le temps a passé et les circonstances de la vie nous ont rapprochées de diverses manières.

 

[…] 

 

En faisant une course dans les rues de Nogent cette semaine, j’ai réalisé que mes yeux d’adultes ne croiseraient plus la silhouette de Yannik, marchant de son pas si caractéristique, les mains derrière le dos, la tête légèrement baissée et l’esprit sans doute un peu déjà au ciel…

  • 1
  • 2