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Le 13 Octobre 2022

Que t’importe, toi, suis-moi…

Un étudiant de l’IBN, Benoît Longuet, promotion 2021, nous a tragiquement quittés cet été. Piqué par une guêpe, il a fait un choc anaphylactique fatal. Comme beaucoup face à ce terrible drame, j’ai interrogé le Seigneur. Très rapidement, la pensée suivante m’est venue : Que t’importe, toi, suis-moi. Comment comprendre et accepter une telle réponse ?

Cette réponse étonnante, qui peut paraître acerbe, est celle que Jésus a donnée à Pierre en Jean 21. Elle est arrivée à la fin d’une longue conversation de Jésus avec Pierre. D’abord, après une période sombre marquée par le reniement, celui qui deviendra le leader des apôtres a dû réaffirmer son amour pour Jésus. Puis réhabilité, il a reçu du Seigneur l’immense responsabilité de prendre soin et d’instruire le troupeau de Dieu (Jean 21. 15-17). Enfin, cette conversation s’est achevée avec des paroles de Jésus très dures concernant sa fin de vie douloureuse pour la gloire de Dieu (Jean 21. 18-19). Sans doute par amitié pour Jean, le disciple bien-aimé du Seigneur, Pierre a voulu savoir ce qu’il adviendrait de lui (Jean 20. 20-23). La réponse de Jésus au souci de Pierre pour Jean est décapante : Que t’importe, toi, suis-moi. Nous laissons de côté toutes les questions introductives sur la composition du chapitre 21 de cet évangile pour aborder cette réponse abrupte de Jésus, que t’importe, toi, suis-moi, sous l’angle pastoral à travers trois applications relatives à notre vie et à notre ministère :

– Que t’importe, toi, suis-moi, même si tu ne comprends pas la manière d’agir de Dieu : Si Dieu est attentif à nos supplications, il arrive qu’Il ne réponde pas toujours comme nous l’aurions souhaité et demandé. Quelquefois, sa réponse peut être énigmatique, sans clarté et sans précisions. Elle peut nous désarçonner surtout quand elle fait plus mal que le mal lui-même. Peu importe, quelle que soit la manière de Dieu, Il souhaite nous apprendre à dépendre de Lui, et non de ce qu’Il donne. Apprenons donc à Lui faire confiance à tout instant et dans chaque circonstance, parce qu’Il est Dieu.

– Que t’importe, toi, suis-moi, même si les fruits de ton service tardent à venir : Nous vivons dans une société de résultats instantanés et de rentabilité. S’il est normal et gratifiant de cueillir rapidement les fruits de notre investissement, la tyrannie de l’immédiat peut nous écraser et nous décourager. Quand nous sommes convaincus d’être là où Dieu nous veut, même dans la souffrance, le manque de fruits est une école d’apprentissage de la persévérance, de la patience et de la prière. Le temps, l’énergie et la capacité donnés au service de Dieu dans son oeuvre sont un investissement dont les conséquences heureuses et certaines dépassent la durée d’une vie. Dans la main de Dieu, notre ministère portera toujours du fruit maintenant ou plus tard. Apprenons donc à servir sans rien attendre en retour immédiatement si ce n’est d’être fidèles dans notre service.



– Que t’importe, toi, suis-moi, même si ta vie et ton ministère sont plus rudes que ceux d’un autre : Après l’amère épreuve du reniement, la mission confiée à Pierre de prendre soin de l’Église embryonnaire le remettait dans ce que Dieu avait prévu pour lui. Pierre a aussi entendu de la bouche de Jésus la fin pénible et douloureuse qui lui était réservée. Loin d’être abattu par cette fi n tragique annoncée, la suite de son ministère nous apprend qu’il a été fidèle à la tâche qui lui a été confiée. Nous ne suivons pas et ne servons pas le Seigneur dans l’espoir d’avoir une vie et un ministère tranquilles. Si notre service pour Dieu nous afflige, si des souffrances subies ou non nous désolent, nous avons l’assurance de la présence et du soutien du Dieu consolateur. Apprenons donc à accepter ce que Dieu a prévu pour nous sans nous comparer ou nous mesurer aux autres.

Nous suivons et servons le Dieu grand et tout-puissant. Il sait et connaît toutes les situations de notre vie et de notre engagement. Sa main souveraine nous conduit. Gardons-nous d’être inquiets et rappelons-nous que le juste vivra par la foi.

Patrice KAULANJAN

(IBphile d’octobre 2022 n°196)