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Les abus sexuels, sortir de l’ombre ! 

S’il y a un thème sur le devant de la scène médiatique, c’est bien celui des abus, sexuels surtout. Effet de mode ? Hélas, non. J’ai rencontré ce thème trop souvent dans des entretiens, pour encore penser qu’il s’agisse d’un phénomène marginal, ou qui épargnerait nos Églises. On ne peut donc que saluer l’initiative Stop Abus, lancée par le CNEF.

Sortir de l’ombre 

Avant que le thème arrive sur le haut de l’attention publique , l’Institut Biblique avait déjà organisé un Forum consacré aux abus sexuels en 2014, dont les textes ont été publiés depuis (Les Abus sexuels. Sortir de l’ombre, Excelsis 2017).

Pourquoi avoir anticipé ainsi la prise de conscience publique ? C’était surtout due à la conjonction entre deux facteurs : plusieurs d’entre nous (parmi les professeurs et les membres du CA) avaient rencontré la problématique, alors que notre formation professionnelle ou expérience personnelle ne nous y avait pas disposés. C’est l’écoute pastorale elle-même, et non un a priori psychologisant qui nous avait conduit à prendre conscience de l’ampleur du phénomène – tant par sa fréquence que par ses effets dévastateurs. Et, deuxième facteur en jeu, la présence de personnes en notre sein qui, par leur profession, étaient des spécialistes dans le domaine : la psychologue Agnès Blocher, qui travaillait auprès de jeunes en difficulté et offrait bénévolement des entretiens de soutien psychologique à nos étudiants ; l’ancien membre de la brigade des mineurs Fabrice Delommel, étudiant à l’ Institut à ce moment.  Ainsi, nous ne pouvions plus nous satisfaire du silence entourant le sujet, jusque dans nos programmes de formation théologique, mais devions faire un moins un premier pas, pour le sortir de l’ombre.

La Bible fait du mariage le seul cadre dans lequel la pratique de la sexualité plaît à Dieu. Elle rejoint donc sans restriction la condamnation de la société des abus sexuels, en particulier commis sur des mineurs. Notre réflexion et notre pastorale pourront tirer pleinement profit de l’apport des sciences humaines, fruit de la grâce commune. (Je me rappelle le dégoût ressenti quand je me suis rendu compte que les agissements d’un maître de stage correspondaient en tout point à ce que décrit la littérature, et quel courage l’étudiante, soutenue par l’équipe professorale, a dû déployer pour les dénoncer.) En même temps, la vision biblique de l’être humain se distingue aussi des consensus sociétaux. Du coup, on peut s’attendre à ce que le contexte plus large de l’éthique biblique soit un cadre particulièrement fécond pour la prise en compte du phénomène.

Les contributions consignées dans le livre restent d’une affligeante actualité. Il vaut toujours – hélas ! – la peine de les lire (ou relire). Ainsi nous serons mieux équipés pour offrir une écoute bienveillante à ceux qui nous entourent, dans nos Églises et hors de nos Églises. Il est probable qu’il y en ait plus d’un qui n’attendent que cela pour dire le secret qui leur pèse et les paralyse.




_________ Lydia Jaeger



De multiples questions se posent : quels sont les signes qui alertent d’une relation abusive ? Comment réagir quand on la soupçonne dans son entourage, y compris à l’Église? Faut-il pardonner sans condition? Pourquoi Dieu n’est-il pas intervenu quand on a crié à lui ? Le chrétien a-t-il le droit de recourir aux instances judiciaires du « monde »?

(Ces réflexions sont le fruit du premier « Forum de l’IBN », journée de réflexion organisée par l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne en novembre 2014. L’ouvrage offre au lecteur un guide éclairant qui l’aidera sur ce terrain semé d’embûches. Il s’appuie sur des compétences pluridisciplinaires, tant exégétiques et dogmatiques, que psychologiques et judiciaires.

Ont collaboré à cet ouvrage : Agnès Blocher, Fabrice Delommel, Lydia Jaeger, Émile Nicole, Elvire Piaget (†), Gladys Vespasien, Peter Winter).