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Le 13 Avril 2023

La foi comme une graine de moutarde

par Sylvain Romerowski

L’auteur vous invite à lire au préalable les textes suivants. Marc 9.14-29 ; dans l’évangile de Matthieu, la fin du récit est un peu différente : Matthieu 17.19-20. Puis Matthieu 21.18-22, et Luc 17.5-6. Vraiment, je vous l’assure, si vous aviez de la foi, même si elle n’était pas plus grosse qu’une graine de moutarde, vous pourriez commander à cette montagne : Déplace-toi d’ici jusque là-bas, et elle le ferait. Rien ne vous serait impossible.


Lorsque j’étais enfant, j’ai lu dans une brochure l’histoire d’une petite fille qui se trouvait en vacances avec sa famille dans un chalet à la montagne. De la fenêtre de sa chambre, elle pouvait voir le versant de la montagne s’élever. Un soir, après avoir lu dans la Bible l’un des textes (en tout début d’article), avant de se coucher, cette petite fille a prié que la montagne ne soit plus là le lendemain matin. Le lendemain, à son réveil, elle s’empresse de se lever, d’ouvrir la fenêtre de sa chambre, puis les volets, et elle s’écrie : « Ah, je savais bien que la montagne serait encore là ! » La manière dont cette histoire était racontée suggérait que la montagne ne s’était pas déplacée parce que la petite fille n’y avait pas cru. Mais est-ce aussi simple que cela ? On connaît divers cas de chrétiens qui, atteints d’une très grave maladie, ont acquis la certitude que Dieu allait les guérir. Leur conviction était si forte qu’ils ont refusé tout traitement médical. Est-ce là la foi dont Jésus parle dans les textes ci-dessus ? Dans bien des cas, la guérison escomptée n’est pas venue et ces chrétiens, persuadés que Dieu allait les guérir, sont décédés quelques temps plus tard. Nous avons tous, à un moment ou un autre, prié pour une délivrance, ou demandé à Dieu d’intervenir pour répondre à un besoin légitime, sans que l’exaucement ne vienne. Alors, les promesses de Jésus ne valent-elles rien de plus que ces promesses électorales de nos hommes politiques qui n’engagent que ceux qui les reçoivent ?


Non. Ces promesses ne sont pas de la langue de bois. Preuve en est que Jésus, lorsqu’il les prononce, vient lui-même d’accomplir un miracle : l’exorcisme, et la malédiction du figuier. Jésus déclare simplement que ce qu’il vient de faire est possible pour celui qui a la foi. Et d’autres que Jésus en ont fait l’expérience : l’épître aux Hébreux évoque ces héros de la foi qui ont obtenu des délivrances ou accompli des exploits par la foi (Hé 11.32-35a). Et dans le récit de Marc 9, Jésus fait bien comprendre à ses disciples que c’est par manque de foi qu’ils n’ont pas pu chasser le démon. S’ils avaient exercé la foi, ils auraient pu le faire. C’est bien un défaut de foi qui est la cause de leur échec. Mais d’autres exemples dans l’Écriture semblent enseigner autre chose. Lorsque le roi Hérode a entrepris de persécuter les premiers chrétiens, il a fait tuer l’apôtre Jacques. Puis il a fait arrêter l’apôtre Pierre avec, à son égard, la même intention (Ac 12). On sait comment un ange a délivré Pierre alors que l’Église était en prière pour lui. Cela veut-il dire que Pierre a eu la foi et pas Jacques ? Mais Pierre n’y croyait pas. Alors que l’ange le faisait sortir de prison, Pierre croyait que les choses se passaient en vision. L’Église qui priait pour lui n’y croyait pas non plus. Car lorsque Pierre s’est présenté à la maison où se tenait la réunion de prière et qu’il a frappé à la porte, on n’a pas voulu croire la servante qui informait que c’était Pierre. Il serait donc erroné de dire que c’est la foi qui a fait la différence entre Pierre et Jacques. Dans la suite du texte de l’épître aux Hébreux mentionné plus tôt, une deuxième catégorie de héros de la foi est citée (Hébreux 11.35b-39a). Ce passage montre qu’il nous faut nous garder d’une lecture simpliste des promesses de Jésus. Comme s’il suffisait d’y croire pour que cela marche. Comme si plus fort je croyais que Dieu va exaucer ma prière, plus cela allait se produire. Il en faut de la foi pour être délivré de manière extraordinaire. Il faut aussi beaucoup de foi pour vivre l’épreuve sans voir la délivrance, tout en restant attaché à Dieu. L’apôtre Paul, qui n’a pas été délivré, malgré des prières réitérées, de ce qu’il nomme son écharde dans la chair, va jusqu’à déclarer que l’épreuve, lorsqu’elle est vécue avec persévérance, affermit la foi ou l’espérance (Rm 5.3-4).

Donc la foi peut voir des choses extraordinaires, mais cela ne se passe pas toujours de cette façon. Ces dernières considérations ont tout de même l’air de contredire la parole de Jésus : Si vous avez la foi, si vous ne doutez pas… si vous dites à cette colline : « Soulève-toi de là et jette-toi dans la mer », cela se fera. Si vous priez avec foi, tout ce que vous demanderez, vous l’obtiendrez. (Mt 21.22-23). Nous devons donc encore nous efforcer de comprendre ces textes.

LA MALÉDICTION DU FIGUIER

Dans le récit de la malédiction du figuier, Jésus répond à l’étonnement de ses disciples. Ceux-ci s’étonnent devant le caractère extraordinaire de cet événement. Dans sa réponse, Jésus souligne que cela n’est pas si étonnant. C’est à leur portée ; ils ont aussi la possibilité d’accomplir chose semblable. Ce propos est une manière de faire ressortir que les disciples manquent encore de foi : c’est ce que traduit leur étonnement.

Donc Jésus leur déclare qu’ils peuvent accomplir des choses extraordinaires. L’exemple qu’il prend, dire à une colline de se soulever et de se jeter dans la mer, est une manière de parler pour souligner les possibilités ouvertes à qui a la foi. Ce n’est pas à prendre littéralement, mais c’est une image pour évoquer ce qu’il y a de plus extraordinaire. Mais dire que cela est possible ne signifie pas que les disciples doivent le faire. Jésus ne leur déclare pas cela pour qu’ils s’amusent à déplacer les montagnes, pour voir ; ni pour qu’ils s’attendent à vivre en permanence des événements extraordinaires.

Car si Jésus a effectué de nombreux miracles, il n’en a pas toujours fait. Lors des quarante jours passés dans le désert, le diable lui a suggéré d’accomplir plusieurs miracles, mais Jésus a refusé. Lorsque les Israélites lui ont demandé un signe, il a refusé. Jésus a toujours refusé l’extraordinaire pour lui-même, le miracle gratuit.

Mais, dira-t-on, n’a-t-on pas un contre-exemple avec ce que Jésus vient d’accomplir ? Car quoi de plus gratuit que la malédiction du figuier ? En réalité, ce geste de Jésus n’était nullement gratuit : il était lourd de signification. Il faut le comprendre à la lumière de l’Ancien Testament où Israël est comparé à un arbre ou une vigne qui ne porte pas de fruits, ce qui lui vaudra le jugement (p. ex. És 5.1- 7). Un peu plus loin dans le récit de Matthieu, Jésus déclare en effet : Les collecteurs d’impôts et les prostituées vous précéderont dans le royaume de Dieu. En effet, Jean est venu, il vous a montré ce qu’est une vie juste, et vous n’avez pas cru en lui – tandis que les collecteurs d’impôts et les prostituées ont cru en lui. Et, bien que vous ayez eu leur exemple sous vos yeux, vous n’avez pas éprouvé les regrets qui auraient pu vous amener enfin à croire en lui. (Mt 21.31-32). Et un peu plus loin encore : le royaume de Dieu vous sera enlevé et sera donné à un peuple qui en produira les fruits. (Mt 21.43). Ainsi, la malédiction du figuier était un signe pour le peuple qui se disait peuple de Dieu sans porter les fruits de l’obéissance à Dieu, et qui allait rejeter Jésus. C’était un signe de jugement. Jésus voulait donc enseigner quelque chose à partir de la malédiction du figuier. Mais les disciples se sont arrêtés à l’acte qui les a étonnés et ils n’ont pas cherché la signification de ce geste. Alors leur étonnement a conduit Jésus à ce propos sur la foi, qui laissait de côté la signification du geste, avant d’y revenir par la suite. 

Ceci pour dire que Jésus n’a jamais eff ectué de miracle gratuitement. Et s’il déclare à ses disciples que s’ils ont la foi, ils pourront faire de même, c’est pour répondre à leur étonnement, et non pas pour les encourager à faire n’importe quoi.

DE QUELLE NATURE EST LA FOI DONT JÉSUS PARLE ?

Le point suivant concernera la nature de la foi dont Jésus parle. Car dans le texte de Luc, Jésus corrige une mauvaise conception de la foi. En demandant à Jésus d’augmenter leur foi, les disciples montrent qu’ils considèrent la foi comme un pouvoir. Ils pensent que plus la foi est grande, plus ce pouvoir est grand. La foi est pour eux comme une baguette magique. La réponse de Jésus prend le contrepied de cette conception. Ce n’est pas la quantité de foi qui compte, mais sa réalité. Il suffit d’une foi grosse… comme une graine de moutarde, une des graines les plus petites.

Si la foi était un pouvoir, alors tout dépendrait de la quantité de foi que l’on a. Mais la foi n’est pas un pouvoir que nous aurions à notre disposition et dont nous pourrions user à notre guise.

Si la foi peut voir des montagnes se déplacer, ce n’est pas parce qu’elle serait puissante en elle-même, mais c’est parce que Dieu est tout-puissant. C’est Dieu qui opère des miracles, pas notre foi. Dieu est toutpuissant quelle que soit la quantité de foi que nous avons. C’est pourquoi la quantité importe peu. Ce qui importe, c’est que cette foi existe, c’est que nous ayons foi en Dieu, et Dieu fait le reste. La foi n’est pas un pouvoir. La foi est confiance en un Dieu tout-puissant. Dieu peut agir, même si notre foi est petite, défaillante. (Ce qui n’empêche pas que notre foi soit appelée à grandir, à s’affermir ; 2 Th 4.3).

Par sa réponse à ses disciples, Jésus veut les amener à détourner les yeux de leur foi pour regarder à Dieu en qui ils croient.

Croire, ce n’est pas disposer d’un pouvoir, mais c’est compter sur Dieu. Il y a un danger réel, qui consiste à mettre sa confiance en sa foi, au lieu de la mettre en Dieu. C’est ce qui arrive lorsque quelqu’un s’imagine que, plus il croit qu’il va obtenir quelque chose, plus il a de chances de l’obtenir. On fait alors de la foi un moyen de pression sur Dieu : « Si je parviens à y croire suffisamment, Dieu le fera ». Comme si les chrétiens cités en exemple n’ont pas été guéris, c’est parce que leur guérison n’était pas dans le plan de Dieu. La foi, c’est aussi très souvent vivre l’ordinaire dans la confiance à Dieu.

Le chant intitulé « Bénis l’Éternel mon âme » (J’aime l’Éternel n° 383) contient cette affirmation : « Il [Dieu] dit que ta foi déplacera toutes les montagnes ». Mais où trouve-t-on une telle affirmation dans l’Écriture ? Il y a là deux erreurs. D’une part, Dieu n’a jamais promis que toutes nos montagnes seraient déplacées. D’autre part, on note que dans aucun des textes, Jésus n’emploie la formule « la foi déplace les montagnes ». Car ce n’est pas la foi qui, telle une baguette magique, ou telle un pouvoir, déplace les montagnes. C’est Dieu qui déplace les montagnes, et il déplace les montagnes qu’il décide, lui, de déplacer. Alors je propose une modifi cation des paroles du chant ci-dessus : « Mets en lui ta foi, car Dieu peut déplacer les montagnes »

LE RÉCIT DE L’EXORCISME

Le récit de l’exorcisme peut encore éclairer le propos de Jésus en Luc. Dans ce récit, les disciples demandent pourquoi ils n’ont pas pu chasser le démon et délivrer l’enfant. Jésus leur reproche d’être des hommes de peu de foi. Que veut-il dire par là ? Que ses disciples n’avaient pas assez de foi ? Que leur conviction n’était pas assez forte ? Certainement pas, car cela contredirait sa parole rapportée par Luc. Et le texte de Matthieu l’indique aussi puisque Jésus déclare qu’ils auraient chassé le démon s’ils avaient eu de la foi pas plus grosse qu’une graine de moutarde (Mt 17.20). Quand Jésus leur dit qu’ils sont des hommes de peu de foi, il ne veut pas dire que leur foi n’est pas assez grande, mais c’est une litote pour dire : « Vous n’avez pas eu la foi », ou plutôt : « Vous n’avez pas exercé la foi ». Ce n’est pas une question de quantité : une foi grosse comme une graine de moutarde aurait suffi . La plus infi me parcelle de foi aurait suffi . Le problème n’est pas que leur foi était trop petite, mais qu’ils n’ont pas exercé la foi.

Que s’est-il passé ? Précédemment, les disciples avaient été les instruments de miracles et de délivrances de personnes sous l’emprise de démons. Ceci les avait conduits à penser qu’ils détenaient un pouvoir. Et ils comptaient sur ce pouvoir qu’ils croyaient posséder en eux-mêmes. Ils comptaient sur leurs capacités propres, ils avaient mis leur confiance en leur propre pouvoir. Ils étaient trop sûrs d’eux, au lieu de faire confiance à Dieu. Ils avaient oublié que c’est Dieu qui opère le miracle et que c’est dans la dépendance par rapport à Dieu qu’ils pouvaient agir.

La réponse que leur adresse Jésus selon l’évangile de Marc le démontre : « Cette sorte de démon ne sort que par la prière ». Nous prions lorsque nous sommes conscients d’un besoin pour demander à Dieu d’y répondre, nous prions lorsque nous sommes conscients de notre insuffisance, de notre faiblesse, de ce que nous n’y arriverons pas seuls, ou par nous-mêmes. Les disciples n’avaient pas prié : ils croyaient pouvoir se suffi re à eux-mêmes, sans faire appel à Dieu. Ils n’avaient pas exercé la foi à ce moment-là. La foi véritable est dépendance de Dieu, et non pas pouvoir à notre disposition.

L’attitude du père de l’enfant sous l’emprise d’un démon fait contraste avec celle des disciples. Il implore Jésus : « Si tu peux faire quelque chose, aie pitié de nous et viens à notre aide ! » (Mc 9.22). Le père est sans doute échaudé par l’échec des disciples, d’où le « si tu peux ». Les disciples n’ont pas pu ; Jésus pourra-t-il ?

Jésus lui fait alors le même genre de réponse qu’aux disciples : « Si tu peux ? Tout est possible à celui qui croit ! »

La réponse du père est remarquable. Aussitôt il s’écrie : « Je crois…, mais aide-moi, car je manque de foi ! » Il a une petite foi, fragile, vacillante, mêlée de doute. Mais une foi réelle : il s’en remet à Jésus. Une foi lucide, consciente de sa faiblesse. Ce n’est pas une conviction inébranlable, mais une foi qui le pousse à faire appel à Jésus et à s’en remettre à lui. Il a la volonté de s’en remettre à Jésus. Et c’est cette foi-là qui obtient l’exaucement. Une foi dépouillée de toute prétention, sans grande assurance, mais authentique dans sa petitesse. Car ce qui fait la foi, ce n’est pas la force de conviction, mais le fait de s’en remettre totalement à Jésus et d’attendre tout de lui. C’est cette foi là qui reçoit l’exaucement. Et alors, il est bien évident que la délivrance vient, non pas à cause des ressources de cet homme ou de la grandeur de sa foi, mais de Dieu.

La foi est dépendance de Dieu ; la foi regarde à Dieu, non à soi, non à elle même ou à son degré de conviction.

Mais Jésus ne dit-il pas : « Si vous avez la foi, si vous ne doutez pas » (Mt 21.21) ? Et en s’exprimant ainsi, ne met-il pas l’accent sur la conviction qui doit accompagner la foi ? Certes, mais attention. Le doute dont il parle est doute concernant Dieu, et non pas doute concernant notre foi. Le père de l’enfant tourmenté par un démon doutait de sa foi, mais il a exercé la foi en s’en remettant à Jésus. En implorant son secours, il a montré qu’il avait confiance en Jésus, même si cette confiance était faible.

PIERRE MARCHE SUR L’EAU

Un autre récit de Matthieu peut apporter un éclairage supplémentaire. Celui qui relate la marche de Pierre sur l’eau (Mt 14.29-30). Pierre, dans le bateau sur le lac, voit Jésus venir en marchant sur l’eau. Il lui fait alors cette demande : « Si c’est bien toi, Seigneur, ordonne-moi de venir te rejoindre sur l’eau. » Voilà bien une demande téméraire, inconsidérée. Mais Jésus accède à cette demande. Ce sera l’occasion de donner à Pierre une bonne leçon… Il lui dit : « Viens ». Et Pierre, l’impétueux, sort du bateau et se met à marcher sur l’eau. Mais regardant autour de lui, considérant le vent et les eaux du lac agitées, il prend peur et commence à s’enfoncer. Son erreur est d’avoir cessé de regarder à Jésus pour regarder à la tempête.

La question qui importe n’est pas celle de la force de conviction. La vraie question est la suivante : Estce que nous regardons à Christ ou pas ? Est-ce que nous exerçons la foi en Christ, si petite soit-elle, ou pas ? Alors qu’il a cessé de regarder à Jésus pour considérer les circonstances, la tempête qui sévissait, Pierre a cessé d’exercer la foi.

FOI, DOUTE ET CONVICTION

Le doute peut aussi surgir lorsque nous cessons de regarder à Jésus pour nous interroger sur notre foi ; lorsque nous regardons à notre foi au lieu de regarder à Jésus. Nous interroger sur notre foi peut nous faire cesser de mettre en œuvre la foi. Et dans le cas de l’échec des disciples face au démon qui tenait l’enfant sous son emprise, le problème est que les disciples ont compté sur leur pouvoir, au lieu d’exercer la foi en Dieu. Ce qui importe n’est pas le degré de ma conviction, mais le fait d’exercer la foi en Dieu, si petite soit cette foi. L’échec intervient lorsque l’on cesse d’exercer sa foi en Dieu. Pour mettre sa foi en Jésus, une certaine conviction est nécessaire. Il faut que je crois en lui, un minimum, pour me confier en lui. Mais la foi, c’est plus qu’être convaincu. C’est lui faire confiance, s’en remettre à lui, dépendre de lui. Et pour cela, il faut le vouloir. Le père de l’enfant a voulu faire confiance à Jésus, même si son degré de conviction était faible.

LA FOI EST SOUMISSION À LA VOLONTÉ DIVINE

Donc, nous l’avons vu, la foi ne consiste pas à faire pression sur Dieu, à lui imposer notre volonté. La foi est dépendance de Dieu. La foi, c’est chercher la volonté de Dieu et non la nôtre. Prier avec foi, c’est prier selon ce que nous connaissons de la volonté de Dieu, c’est prier avec soumission à la volonté de Dieu. Vues de la sorte, les promesses de Jésus ne constituent pas un encouragement à demander n’importe quoi. Nous n’allons pas demander à telle montagne de se déplacer pour voir si cela marche.

Jésus a maudit le figuier parce qu’il avait foi en Dieu ; mais aussi, il a accompli ce geste dans la mesure où c’était la volonté de son Père qu’il le fasse. S’il a par contre refusé d’accomplir les miracles suggérés par le Tentateur, c’est parce qu’il savait que ce n’était pas la volonté de Dieu qu’il les accomplisse.

Ce que Jésus nous enseigne, c’est que notre foi verra des choses extraordinaires lorsque cela fera partie du plan de Dieu. Et lorsque Dieu nous confie une tâche, un projet, nous pourrons les réaliser si nous lui faisons confiance. Ne pas exercer la foi peut conduire à l’échec. Mais Dieu réalisera ses desseins en nous et en se servant de nous si nous lui faisons confiance.

Nous avons à cet égard l’exemple de Jésus, celui des héros de la foi d’Hébreux 11, celui des apôtres eux mêmes. Et l’histoire de l’Église est pleine de montagnes déplacées d’accomplissements qui paraissaient impossibles à vues humaines.

Par ses promesses, Jésus nous encourage à la foi, et non pas nécessairement à accomplir des choses extraordinaires, non pas à demander n’importe quoi. Il veut dire que si nous marchons selon la volonté de Dieu, si nous entrons dans les projets de Dieu, et si nous lui faisons confiance, nous le verrons agir, répondre aux prières d’une manière ou d’une autre, intervenir.

Parfois, nous pouvons nous tromper dans ce que nous demandons à Dieu. Notre demande peut être à côté de sa volonté. Nous ne savons pas toujours ce qu’il convient de demander (Rm 8.26). On peut se tromper en étant convaincu. C’était le problème de ces chrétiens qui s’étaient persuadés que Dieu allait les guérir et qui ont refusé tout traitement médical. Ce n’est pas qu’ils n’avaient pas la foi, mais qu’ils se sont trompés sur la volonté de Dieu. Cette conviction qu’ils avaient n’est pas la foi.

Il nous faut souvent avancer à tâtons, ou sans savoir précisément ce que Dieu tient en réserve pour nous, ce qu’il accomplira. Mais si nous lui faisons confiance, si animés de cette confiance nous marchons sur le chemin qu’il trace pour nous, nous le verrons agir et intervenir pour nous mener au but.


La question est donc la suivante : Est-ce que nous voulons lui faire confiance ?