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Sur « Jésus, le pain de vie »

Pain de vie

Partageons notre pain avec celui qui a faim…

Le récit de la multiplication des pains est souvent invoqué par les chrétiens qui prennent à cœur l’appel du prophète à partager leur pain avec celui qui a faim. Il y a de bonnes raisons pour cela mais encore faut-il trouver lesquelles !


L’Évangile selon Jean nous raconte le lendemain de l’histoire (Jean 6.22). La multiplication des pains a mis la foule en appétit… mais n’a pas discerné que ce que Jésus a fait pointait vers quelque chose d’autre (cf. verset 26). Il voudrait que la foule s’intéresse à ce que le miracle voulait dire bien davantage qu’au fait de faire un bon repas et n’a pas l’intention de pérenniser la multiplication des pains. En cela, l’œuvre de Jésus s’éloigne de ce que nous appellerions une « action sociale ».


Le pain terrestre que Jésus a donné à la foule était un signe pour désigner ce que nous devons rechercher comme étant la grande affaire de notre vie, c’est-à-dire Lui-même. Jésus est le Dieu véritable et la vie éternelle et le Royaume de Dieu en personne. Lui seul satisfait pleinement les aspirations et les besoins les plus profonds de celui qui le reçoit : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (cf. verset 35) Tout cela, il le fait gratuitement, comme un cadeau.


Quand Jésus multiplie les pains, il ne mène donc pas une action sociale mais donne un signe du don de la vie éternelle. Or celle-ci n’est pas une affaire uniquement spirituelle. Dans la suite du chapitre, Jésus insistera sur la résurrection promise pour le dernier jour. Dieu a un avenir pour notre corps, pour l’humanité et pour l’ensemble de la création. Les réalités terrestres comptent pour Dieu et les chrétiens peuvent faire de leur implication sociale un signe de leur espérance ultime.


Comprendre que Jésus est le pain de vie nous montre également que notre vie dépend du don qu’il nous a fait de nous-mêmes. Cela devrait se refléter dans toutes les facettes de notre vie et qu’y a-t-il de plus logique que celui qui vit du pain descendu du ciel partage son pain avec celui qui a faim ? Il y a bien des conséquences sociales à la foi en Jésus comme pain de vie à laquelle la multiplication des pains renvoyait.


Enfin, si Jésus a fait le miracle de la multiplication des pains pour donner un signe qui allait au-delà d’une simple distribution de nourriture, il l’a aussi fait parce que les gens avaient faim. Jésus, qui est devenu vraiment homme en descendant du ciel, est pleinement entré dans la solidarité humaine, la compassion, la pratique de la justice demandée de tout être humain, qui caractérise la vie que Dieu veut pour les créatures faites en son image. La multiplication des pains nous renvoie aussi au fondement « créationnel » de notre action sociale.


Fondement créationnel, conséquences sociales du salut, signe d’un salut futur intégral : oui le récit de la multiplication des pains, lorsqu’il est lu de près, peut motiver et nourrir notre engagement face à la pauvreté.



Daniel Hillion

Directeur des études au SEL – Professeur associé à l’IBN

L’Évangile selon Jean nous raconte le lendemain de l’histoire (Jean 6.22ss). La multiplication des pains a mis la foule en appétit… mais n’a pas discerné que ce que Jésus a fait pointait vers quelque chose d’autre (cf. verset 26). Il voudrait que la foule s’intéresse à ce que le miracle voulait dire bien davantage qu’au fait de faire un bon repas et n’a pas l’intention de pérenniser la multiplication des pains. En cela, l’œuvre de Jésus s’éloigne de ce que nous appellerions une « action sociale ».